L’attachement
à une drogue est un exemple éloquent de la manifestation du mal. Pour un drogué,
le mal existe, il le nomme peut-être différemment, mais il existe. Ce n’est pas
un concept abstrait, une donnée de la raison seule, mais une force agissante
par le corps et la psyché dont l’homme ne peut se séparer.
L’homme
drogué est l’homme attaché à des chaînes, si en certaines heures les chaînes
lui permettent un espace pour se mouvoir librement, en d’autres heures, elles
le tirent à réaliser une volonté qui n’est pas celle du drogué. À ce
moment, c’est la volonté du drogué qui
se réalise, non pas celle de l’homme libre. Combien de drogués prennent-ils des
décisions contraires à leur conscience lorsque celle-ci est libre? Car, on
regrette rarement des actions justes. Toutefois, on regrette de faire le mal.
Il est encore moins rare de voir des hommes regretter la consommation d’une
drogue. Pour la plupart des drogués, ils
savent qu’ils perdent le contrôle de leur esprit et de leur corps
lorsqu’apparaît le besoin de drogue. Ils savent que ces drogues peuvent heurter
leurs amis, leurs familles. Toutefois, malgré tout, ils continuent à en
consommer.
Se
sentent-ils en contrôle? Se sentent-ils gagnés en force? En caractère? Les
drogués répondant à l’appel de leur dépendance perdent leur libre arbitre! Après
que ce feu est disparu, qu’ils ont consumé leur désir, ils réalisent ce qu’ils
ont fait et ils regrettent.
La manifestation du mal
Un homme
est seul; au repos dans sa maison; il
lui vient un désir; son cœur bat plus vite; il est déjà trop tard; il sait
qu’il est trop tard; il se prend encore à croire en la promesse éternelle du
désir; sa pensée s’embrouille; il met tout en œuvre pour obéir à son désir;
incapable de réfléchir clairement; sa pensée est comme dans un rêve flou; devenu déterminé; il trouve un moyen
d’accéder à l’objet de son désir; même s’il n’avait jamais agi ainsi en
d’autres occasions; enfin, il goûte à son désir; son désir s’éteint; il revient
à lui-même; et il se sent pauvre, faible et mort.
Voilà, ce qu’est
la dépendance à une drogue. C’est comme si, en nous, un mauvais esprit venait
nous chuchoter à l’oreille que cette drogue apportait un plaisir, un espoir ou
une volupté qui ne pouvait être goûté autrement. Toutefois, ce désir naît d’un mensonge. Ce mauvais
esprit ne parle aucun langage connu, et pourtant, il connaît notre langage
intime. Il sait ce qui nous fera tomber. Il nous connait, il connait notre
point d’achoppement.
Nous
écoutons sa voix, et pourtant, lorsque nous atteignons le midi de notre
conscience, nous savons que la voix de notre désir est trompeuse.
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