
Psaume 14 (La Bible)
« L'insensé dit dans son cœur: " Il n'y a
point de Dieu!..»
L’aphoriste
125 du Gai savoir de F. Nietzsche,
dans sa traduction française, est presque une musique. Avec ses brèves
questions et ses courtes affirmations, Nietzsche souligne le caractère
dramatique et catastrophique de la mort de Dieu. L’insensé avec sa lanterne allumée en plein
midi crie sur la place publique, au milieu des badauds, qu’il cherche Dieu :
« Je cherche Dieu! Je cherche
Dieu! ». L’Insensé cherche Dieu, car il est celui qui veut créer une
nouvelle étoile, il n’est pas insensible à la mort de Dieu. L’Insensé
s’inquiète du nihilisme qui peut survenir. Mais voilà que la foule le regarde
étonné, c’est alors qu’il saute au milieu de la foule, comme un prophète, et, à
ceux qui se moquaient de lui, il leur dévoile que Dieu est maintenant mort, et
que c’est nous (comprendre l’Insensé et ses compagnons) qui l ont tué.
Dans cet
extrait, Nietzsche s’adresse certainement à ses compatriotes athées ou
matérialistes, qui connaissent la mort de Dieu, et leur montre la conséquence
de cette mort de Dieu : « … lorsque nous
avons détaché cette terre de la chaîne de son soleil? Où la conduisent
maintenant ses mouvements? Où la conduisent nos mouvements? Loin de tous
soleils? Ne tombons-nous pas sans cesse? En avant, en arrière, de côté, de tous
les côtés? Y a-t-il encore un en haut et un en bas? … Dieu est mort! Dieu reste
mort! » Cependant, les gens
s’étonnent du discours de l’insensé. C’est alors que l’insensé jeta à terre sa
lanterne, qui se brisa, et déclara à propos de ses compatriotes que « cet acte-là est encore plus loin d’eux que
l’astre le plus éloigné – et pourtant, ce sont eux qui l’ont accompli! ».
D’après cet
aphorisme, les hommes n’ont pas compris les conséquences de la mort de Dieu. Ses
contemporains le regardent d’un air étonné, car ils ne peuvent pas assumer la
mort de Dieu; ils croient encore à l’ombre de cet ancien Dieu. Dans un contexte
occidental, l’ombre de cet ancien Dieu se retrouve être les valeurs encouragées
par le christianisme : c'est-à-dire l’égalité entre les individus
(l’égalité devant Dieu), la science comme dernière croyance (c'est-à-dire
croyance en une vérité objective; comme la matière, les mathématiques), l’économisme
ou les diverses sciences sociales (qui amèneraient un paradis terrestre), etc…
Nietzsche sent que la mort de Dieu devrait aussi ultimement mener à
la mort de ces idéaux hérités des valeurs chrétiennes, mais ses compatriotes ne
l'ont pas compris. C’est pourquoi que l’insensé peut dire que « cet événement énorme [la mort de Dieu] est
encore en route, il marche – et n’est pas encore parvenu jusqu’à l’oreille des
hommes. Il faut du temps à l’éclair et au tonnerre, il faut du temps à la
lumière des astres, il faut du temps aux actions, même lorsqu’elles sont
accomplies, pour être vues et entendues. » Nietzsche est conséquent et
cohérent avec sa réflexion sur l’athéisme. Il est le véritable prophète de l’athéisme,
et celle-ci doit mener, comme il le dit, à un renversement de toutes les valeurs judéo-chrétiennes.
Sans Dieu, il n’y a plus de haut, ni de bas. Et, il n’y a plus de morales autrement que
celles que nos inclinations nous indiquent de vivre... sinon, c'est que nous n'en avons pas terminé avec Dieu!
Aucun commentaire:
Publier un commentaire